Eric Loillieux

de la musique confiée aux robots
allez, je trouve une logique à tout ça et j'explique:

1°

Je voulais gérer autrement la composition musicale acousmatique, sans passer par les classiques montage et mixage. L'idée d'une musique définitivement fixée sur son support me posait aussi de plus en plus de problèmes. Je voulais une musique acousmatique vivante.

2°

L'informatique est une escroquerie : aux promesses de temps gagné et d'outils pratiques elle substitue l'alienation de son utilisateur à la pinaillerie la plus inefficace et à la dilution de l' Innere notwendigkeit et de l'einfühlung (bon, mais peut-être est-ce MON problème avec l'informatique...). Je préfére l'informatique qui bosse pour moi à celle qui me fait bosser.

Il fallait fabriquer des robots informatiques qui feraient de la musique à ma place, une musique acousmatique improvisée et interprétée par eux, jamais semblable à chaque interprétation. Fabriquer des machines à faire de la musique plutôt que de la musique.

Neuf par cinq

janvier 2004, durée variable de 1 à 5 minutes

interprétation 1, 1'42"
Ecoutez-là en streaming (temps réel, nécéssite QuickTime) ou téléchargez un MP3 (1,57 mo)

interprétation 2, 3'01"
Ecoutez-là en streaming (temps réel, nécéssite QuickTime) ou téléchargez un MP3 (2,77 mo)

Cette pièce est interprétable en temps réel par un seul synthétiseur : un JV 1010 de chez Roland. La plupart des sons ont été créés pour l'occasion.
Un programme pilote le synthétiseur par voie MIDI, lui donnant des ordres concernant l'emission des sons, leurs hauteurs, leurs durées, leurs intensités. Ce programme est étagé sur plusieurs niveaux : un pilote final envoie les instructions par "instruments" (ils sont 9 aux total), ce pilote est dirigé par un donneur d'instructions à composantes semi-aléatoires, et des oscillateurs très basses fréquences ("LFO") contraignent cet aléatoire. Différents opérateurs viennent s'intercaler dans ce réseau d'instructions, pour modifier, mesurer ou regrouper de l'information.
Pour cette première tentative j'ai recherché la plus grande simplicité dans le pilotage : il n'y a pas dans "Neuf par cinq" d'effet rétroactif ou de contrainte des "instruments" entre eux. Chacun des 5 groupes instrumentaux (les "pupitres") produit sa ligne musicale en toute indépendance des autres, un peu à la manière de ce que l'on peut entendre dans "La question sans réponse" de Charles Ives. Il est amusant de constater comment l'auditeur recrée dans cette machine de grands nombres et d'aléatoire des structures plus classiques.

Les deux interprétations ci-contre ont été enregistrées en temps réel dans ProTools sans subir de modification autre qu'un réglage de gain général.